Le tourisme écologique dans la province de Boulemane, un véritable créneau à promouvoir

Par Raja Tazi

La région bénéficie de grandes richesses naturelles et de plusieurs sites touristiques. Avec ses célèbres cascades, ses authentiques grottes, ses sources thermales et son site paléontologique, la province de Boulemane peut prétendre à devenir une véritable destination pour le tourisme écologique.

Chargée d’histoire, d’art et de culture, la province dispose de paysages naturels et de riches potentialités touristiques diversifiées et variées de nature à promouvoir et insuffler une véritable dynamique au secteur touristique rural, qui est de plus en plus prisé, en raison de son respect de l’identité culturelle, de l’authenticité régionale et de l’environnement.

A cheval entre les zones semi-arides du Moyen Atlas et les régions arides des plaines et hauts plateaux de la Moulouya, la province de Boulemane, qui ne comptait en 2001 qu’un seul hôtel, s’est dotée depuis cette date de cinq autres établissements hôteliers totalisant plus de 200 lits (à Missour et Outate El Haj). La région a connu également l’ouverture de plusieurs gîtes touristiques "Amazighes" et auberges chez les habitants et ce, dans les communes rurales telles que Serghina, Sekkoura, Ouled Ali et El Mers, offrant ainsi aux visiteurs un accueil chaleureux, un confort rustique et des activités sportives et récréatives (pêche, chasse et petites randonnées).

En plus de ses monuments historiques (minaret de la mosquée Moulay Hachem à Ksabi, casbah et minaret de la mosquée des Almoravides à Outat el Haj et mosquée de Taghzout) et ses souks typiques, la province abrite un secteur artisanal des plus florissants célèbre par ses tapis de "Marmoucha", Hanbel du village "Aït Hamza", burnous rouges de Tissaf.

La zone offre également des paysages naturels diversifiés et variés où de nombreux ruisseaux traversent des vallées pittoresques, un site paléontologique qui témoigne de l’existence dans le temps de dinosaures dans la région, et des carrières de ghassoul, gisement le plus important au niveau mondial (carrière de Tamdelt). Les visiteurs peuvent découvrir également les grottes de Laghouirates, situées sur les rives de l’oued de Moulouya (Afritissa) et de Boufounane ainsi que les sources "Skhounates" à 13 km d’Immouzer Marmoucha, "Aïn Jerf Elhamame" à proximité d’Outate El Haj, "Aïn Atia" à la commune de Serghina, "Aïn Bougharda", à la commune de Tindint et "Moulay Yaâcoub" à Ben Sehl Batkour.

La végétation, quant à elle, va des cédraies aux steppes d’alfa et de romarin avec les lauriers roses le long des oueds en passant par des zones de maquis (chênes verts), des forêts de cyprès de l’Atlas, des genévriers, de thuya et autres.

Dans les vallées sont cultivées le plus souvent en terrasse, les légumineuses (lentilles, pois chiche et fèves), les champs de céréales (blé et orge), qui donnent un paysage agreste contrasté avec les couleurs des plantes naturelles comme le coquelicot et par endroits les oliviers et les arbres fruitiers. Comptant une large étendue forestière de près de 700.000 ha, variée en chênes verts, cèdres, pins, genévriers et alfa, Boulemane regorge d’importantes ressources cynégétiques dont des oiseaux sédentaires tels que l’alouette Oskou, le merle noir, le martin-pêcheur, le pic épeiche ainsi que des sangliers, mouflons, gazelles, hérissons, tourterelles et outardes.

Elle compte également une dizaine de réserves de chasse et sites d’intérêt écologique et biologique qui s’étendent sur une superficie de 476.000 ha. L’habitat rural, quant à lui, construit en pierres taillées dans les strates calcaires, en pisé rougeâtre, ocre ou grisâtre ou parfois en pierres volcaniques, fait partie intégrante du paysage et donne encore plus de charme et de beauté à la région.

C’est ainsi que le développement du tourisme rural ou écotourisme dans la région aura, sans aucun doute, des effets bénéfiques sur l’amélioration des revenus de la population locale, la création d’activités économiques génératrices d’emploi, le désenclavement du monde rural, la stabilisation de la population et la valorisation et la préservation du patrimoine.

Tout en étant une porte sur le désert, et de l’avis des professionnels du tourisme, la région s’apprête aux différentes formules touristiques, randonnées pédestres, VTT, pêche, randonnées sur mulets et chevaux, trekking et 4X4, qui constituent les meilleurs moyens d’aller à l’encontre des populations et des habitants à l’hospitalité légendaire, et d’apprécier et de découvrir la nature. En vue d’encourager les investissements touristiques dans la région, les plans d’aménagement des municipalités prévoient en outre la réalisation de plusieurs zones touristiques, à Missour sur une superficie de 10,4 ha, à Outate El Haj (17,3 ha), à Marmoucha (3,2 ha) et à Boulemane (2,2 ha).

Aussi et afin d’exploiter rationnellement ce gisement touristique, naturel et historique, il s’avère nécessaire notamment de développer une activité thématique rurale, de publier des brochures valorisant les sites touristiques, et la programmation de la région dans les circuits touristiques aussi bien régionaux que nationaux.

Le Matin du 22/03/05